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Sophie et Gaël en Guyane

Sophie et Gaël en Guyane
  • Nous voulons, à travers ce blog, vous faire partager un peu de ce que nous vivons ici pour vous donner de nos nouvelles mais aussi l'envie de venir nous rendre visite. Vous trouverez donc des articles sur nos escapades, nos rencontres, nos découvertes...
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15 janvier 2014

Et l'école, qu'est-ce que ça donne?

Gros dossier!

Beaucoup d'entre vous savent que mon école n'était pas construite au moment de notre départ. Ni même au moment de la rentrée. On nous donc placés en surnuméraires dans les écoles des environs pendant que nos élèves erraient dans la nature... (cf premier article avec les photos du terrain vague...)

Alors quand, une semaine plus tard, on m'a proposé de prendre la deuxième classe de CP, pour laquelle il manquait un enseignant, je me suis dit que ce serait l'occasion d'essayer le CP (classe chargée en pression pour un instit!) et d'arrêter d'errer sans but... ;) Car la mairie de Saint Laurent a fait le bel effort de louer des bungalows (autrement appelés algeco ou préfabriqués, soit des boites en fer où l'on cuit) pour les 2 classes de CP le temps que l'école soit construite.

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C'est sur ce terrain que j'ai commencé mon année; il y avait là 2 classes, une "boîte" pour le directeur, une autre pour les agents de service et une autre pour les toilettes.

J'ai donc dit oui le jeudi 12 septembre et commençais le lundi suivant avec douze CP (forcément, après 2 semaines d'attente, ils n'y croyaient plus). C'est le jour que Papa a choisi pour mourir. Je suis quand même allée travailler le lendemain - avec 15 élèves -, le temps d'organiser mon départ pour la France. 

De retour, autant vous dire que les 10 élèves arrivés entre temps et qui ont passé une semaine avec ma remplaçante ont mis un moment à comprendre que c'était moi leur enseignante... 

Ils ressemblent à quoi, mes élèves?

Ils sont principalement bushinengés, autrement dit des noirs marrons, descendants d'esclaves enfuis des exploitations autrefois. C'est une communauté très attachée à sa langue, à sa culture, à ses traditions. Du coup, beaucoup d'élèves arrivent à l'école sans parler ni comprendre le français.
Il parait que j'aurais aussi quelques Haïtiens mais je ne les reconnais pas encore...
Je n'ai pas le droit de publier des photos d'eux, alors vous n'en verrez pas... :'(

Mon école a été construite pour les enfants qui habitent sur la route (en latérite) de Paul Isnard, où la plupart des "maisons" sont en bois et tôle ondulée et, a priori, parfois sans eau courante ni électricité. On m'avait dit que certains enfants n'avaient pas de toilettes chez eux, et que c'est la raison pour laquelle ils faisaient parfois leurs besoins dans un coin de la cour, alors je m'attendais à ce que ça arrive chez nous, mais a priori ça n'a pas - encore - eu lieu.

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L'entrée de l'école Paul Isnard. Nous avons un beau chemin d'entrée en ciment depuis le jour de la rentrée de janvier où nous avons failli fermer l'école tellement les ornières boueuses étaient impraticables et dangereuses pour les enfants...

Certains viennent du Suriname, depuis peu et ne parlent pas du tout français. Certains n'ont jamais été scolarisés, on les appelle des "primo". Pour quasiment tous, la langue maternelle est le taki-taki (langue bushinengé). Ca fait une bonne moitié de ma classe qui parle très mal français, et à qui il est donc très complexe d'enseigner la lecture et l'écriture. Quand on ne comprend pas ce qu'on lit ou ce qu'on doit écrire, c'est tout de suite moins facile... et quand en plus on est de culture orale et qu'on ne trouve aucun sens à cet apprentissage, ça devient carrément une gageüre!!

Je dois par conséquent  apprendre avant tout à ceux-ci du vocabulaire (celui des consignes, du matériel scolaire, des émotions, etc.), ce qui ne passionne pas les autres qui le connaissent déjà et qui doivent avancer sur le programme chargé du CP. 

J'ai donc essayé de scinder ma classe en deux, en mettant la moitié en autonomie pendant que l'autre travaille avec moi. Quand j'ai vu que 3 conflits émergeaient à la minute et que les élèves ne s'en sortaient pas tout seuls, même sur des tâches simples (un coloriage magique par exemple), j'ai commencé à déprimer... ;-)
Car mes élèves, qui sont souvent sans adulte à la maison et sont très tôt autonomes pour faire les tâches ménagères ou s'occuper des nombreux petits frères et soeurs, le sont beaucoup moins quand il s'agit d'un travail scolaire, qui nécessite calme, silence et concentration...

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Ma classe vue de l'entrée. Mon plus gros budget: les feuillets à plastifier (j'ai d'ailleurs investi dans une plastifieuse) et les crayons à papier, qui ont une espérance de vie très limitée dans cet endroit...

Après avoir beaucoup instisté auprès des parents pour qu'ils achètent les fichiers de lecture et de mathématiques, je me suis rendu compte que les exercices qu'ils contenaient n'était pas du tout appropriés à mes élèves (surtout en lecture/écriture: beaucoup trop difficiles), je me suis carrément arraché les cheveux. Il fallait remplir ces fichiers pour honorer l'investissement de la moitié des parents qui les avaient achetés, mais mes séances tournaient au remplissage dicté car ils n'y comprenaient rien. Et il fallait gérer les élèves qui ne les avaient pas... Heureusement, mon fichier de français comporte 2 tomes, et je suis enfin arrivée à la fin du premier. Vous vous douterez que je me suis abstenue de demander aux parents d'acheter le deuxième. Je fonctionne  maintenant principalement avec des jeux oraux de conscience phonologique, et pendant que mon groupe de "bons" (ce sont les guépards) commence a avoir pigé certains exercices d'entrainement à l'écrit, je prends les moins bons (les dauphins) pour du langage ou de la reconnaissance des lettres, niveau maternelle.

Quittons ces considérations pédagogiques, revenons aux conditions de travail. Quand je dis que notre école est construite, c'est que les bungalows (les mêmes que ceux que nous louions) ont été posés sur le terrain et approvisionnés en eau et en électricité. Pour faire des économies et pour sa politique écologique (les élections municipales approchent!), la mairie de Saint Laurent innove en terme de régulation thermique avec un système de toît en tôle posé un mètre au-dessus de nos cubes-classes et censé rafraîchir. Trois petits ventilateurs font le plaisir de tous les enseignants quand nous faisons du découpage et que tous les petits morceaux s'envolent. Bilan des opérations: une moyenne de 30°C dans ma classe à partir de 10h30, parfois 32 les jours de beau temps. ON VEUT LA CLIM!! (elle était dans nos premiers préfa, ça change la vie!) Fuck la planète!! (pardon).

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La cour de l'école. Les 7 classes de maternelles et les 2 CP sont collées les unes aux autres autour de cette cour. Au départ, le préau était un chapiteau en plastique. Certains parents réclament que leurs enfants ne jouent pas dans le sable pour ne pas se salir. Pas évident...

Comme notre école se crée, nous n'avons pas toutes les ressources qui sont, présentes dans les autres écoles: des Intervenants Langue Maternelle pour les enfants qui ne parlent pas français en maternelle, des classes de CLIN pour les élèves néo-arrivants en élémentaire, des Auxiliaires de Vie Scolaire pour les élèves porteurs de handicap, ... Je me sens bien seule avec mes problèmes de langue et de comportement! Entre l'agressif qui mord et pince sans raison, crie et tape sur sa table, celui qui n'est jamais là parce qu'il habite trop loin et dort quand il est là, celui qui pleure 7 fois par jour, celle qui ne parle pas et refuse de participer aux activités collectives, ceux qui décident de faire ce qu'ils veulent quand ils veulent, celle qui se croit persécutée et s'en plaint toute la journée, sans compter tous ceux qui ne savent pas rester assis ou silencieux plus d'une minute, je ne sais parfois plus où donner de la tête...

Quant aux horaires, pour échapper à la chaleur de l'après-midi et aussi parce que la mairie ne pourrait pas assurer un service de cantine, nous travaillons de manière continue de 7h20 à 12h45, entrecoupées par 2 récréations de 20 minutes (j'en surveille une sur les 2). Ca fait beaucoup, 5h30 d'affilée sans vraie coupure, surtout à partir de 11h quand on commence à avoir vraiment chaud. Tout le monde fatigue! Je reste en général jusqu'à 14h bien tapées pour ranger, préparer le lendemain, corriger cahiers et fichiers. Gaël m'attend gentiment pour déjeuner... Et pour les recherches au long cours, je travaille à la maison. 

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Les coins bibliothèque (livres et jeux), matériel et regroupement dans ma classe.

PS: Au fait, pour ma rage, potentiellement attrapée en Martinique par un chat énervé, comme il va très bien, moi aussi et je ne risque rien! Merci à ceux qui s'en sont préoccupés! :)

 

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9 décembre 2013

Semi-Marathon de Paramaribo

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"PARBO BIER", pas de bon pays sans bonne bière... (Parbo est le surnom de Paramaribo)

Ca y est nous y sommes, après 2 mois d'entraînement et des fourmis plein les jambes, c'est le grand départ pour Paramaribo, capitale du Suriname. Le Suriname, c'est l'ancienne Guyane hollandaise indépendant depuis 1975. Mais le Suriname c'est surtout notre voisin, à nous habitants de Saint Laurent du Maroni uniquement séparés par le fleuve. Plus q'un voisin même, un frère... En effet, une guerre civile a sévi au Suriname qui a duré de 1986 à 1992, opposant le gouvernement du Suriname au Jungle Commando. Le conflit touche principalement l'est du Suriname (la frontière avec la Guyane française), notamment les populations marrons (descendants d'anciens esclaves) qui bordent le fleuve. À la suite de différents combats et massacres, Saint Laurent voit affluer plusieurs milliers de réfugiés. On trouve maintenant des quartiers entiers de Saint-Laurent peuplés par ces populations réfugiées tels que la Charbonière qui contiendrait environ 10 000 habitants. C'est d'ailleurs de cette communauté que viennent quasiment tous les élèves de Sophie.
De plus, l'accès à Saint Laurent et à sa ville voisine Albina, côté Suriname (de l'autre côté du fleuve), se fait sans contrôle ni visa ce qui facilite les échanges. Le premier poste de contrôle est à Iracoubo à plus d'une heure de Saint Laurent. Vous comprendrez donc que pour nous, le Suriname est plus que le pays voisin...

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Le départ en pirogue sous la pluie

Nous sommes une grosse vingtaine du club à partir entre les courreurs et les accompagnateurs. Après les 5 minutes de pirogue obligatoire (il n'y a pas de pont entre la Guyane et le Suriname), nous arrivons à Albina où nous attendent 2 taxis collectifs pour nous amener à Paramaribo à près de trois heures de route. Enfin de route, une bonne partie est en piste de latérite.

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Voici la route que l'on nous a présenté comme "une des meilleures du pays"

Arrivés à Parbo, nous apprenons que le bus qui viendra nous chercher pour le départ du semi sera à 2H30 du matin devant l'auberge ce qui signifie debout à 2 heures! Nous décidons donc d'aller manger un bout dans le centre-ville et de nous coucher tôt pour avoir au moins 3 heures de sommeil... Nous découvrons une ville très diférente de ce à quoi nous sommes maintenant habitués: Le centre-ville historique est classé au patrimoine mondial de l'UNESCO de par ses maisons en bois de type colonial hollandais; on y trouve des mosquées, des temples hindous, et surtout de nombreux magasins, autant vous dire que les filles s'en sont données à coeur joie... Ah civilisation quand tu nous tiens!

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Les fameuses maisons en bois qui font le charme de Parbo

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Notre "collation" de veille de course où nous sommes tombés sur un "artiste"

C'est le grand jour! Réveil à 2 heures du matin, l'organisation surinamaise prend des airs de rafle du vel' d'hiv': Dans le bus à 2H30 qui nous dépose au stade de l'équipe national où nous sommes "parqués" selon notre catégorie de course puis pesés avant de remonter dans un bus qui nous amène sur notre lieu de départ de course. Pour information, la pesée est prise au départ et à l'arrivée et si la perte est importante, on a droit à une petite perf'... 

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Une partie de l'équipe de l'ASL Maroni, les coureurs de relais

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Malgré les précautions prises pour la santé des coureurs, il faudrait vérifier les permis des ambulanciers!

5H30, le départ est donné pour le premier semi-marathon de Gaël qui s'est donné comme objectif de boucler les 21 Kms en moins de 2 heures. Aux aurores, la chaleur n'est pas encore très dérangeante et des distributions d'eau sont effectuées tous les 5 kms. La course est très sécurisée, chaque carrefour est contrôlé par des militaires, des pompiers et des ambulances sont réparties le long du tracé. Certains n'hésitent pas à profiter des lances à incendie pour avoir une petite douche. Le premier coureur à franchir la ligne est un hollandais avec un temps de 1h18, Gaël arrivera en 1h53 en 51ème position sur 122.

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Mission accomplie!

 

3 novembre 2013

L'îlet la Mère

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Au retour des vacances de la Toussaint, nous avions prévu d'aller avec notre copain Léo, passer le week-end du côté de Cayenne pour aller visiter l'îlet la Mère. On avait entendu dire que cette ile regorgeait de petits singes et puis une journée sur l'océan, c'était une chouette idée avant de retrouver notre fleuve! L'îlet la Mère fait partie de l'ensemble des îlets de Rémire qui comprend les îlets la Mère, le Père, le Malingre et les Mamelles.

La légende... D'après la légende, l'îlet le Père et l'îlet la Mère se promenaient un jour avec leur pogéniture au large de la Guyane quand ils furent surpris par un raz de marée qui les poussa sur les côtes et les fit échouer sur les fonds de vase de Rémire. Leurs deux filles (îlets appelés désormais Mamelles) les suivrent, mais leur plus jeune enfant disparut. Leur serviteur, le Malingre, envoyé à sa recherche, s'arrêta non loin à bout de force. Ce n'est que plus tad, que l'enfant perdu toucha les hauts fonds de Guyane et y resta fixé.

Un peu d'histoire... L'îlet la Mère fut d'abord l'objet d'occuptions amérindiennes, nous y avons d'ailleurs vu de remarquables polissoirs (ce sont des entailles ou des trous sur les pierres laissés par le façonnage des outils). Dès 1643, la France organise des expéditions pour tenter de coloniser la Guyane, vient donc le tour des Jésuites d'occuper l'ilet (Il y aurait d'ailleurs un sacré article à faire sur les Jésuites et la Guyane). A partir de 1776, l'ilet accuille les lépreux de Cayenne puis est défriché pour l'installation d'une ferme en 1786. En 1852, un pénitencier y est installé, il fait partie des premiers bagnes de Guyane. 20 ans après son ouverture, une épidémie de fièvre jaune frappe l'îlet et contraint à son abandon. En 1981 l'institut Pasteur construit une annexe sur l'îlet. Un élevage de Saïmiris (ou singe écureuils) est implanté sur l'île visant à l'élaboration d'un traitement anti-paludique. En 2001, l'institut Pasteur se retire, laissant les singes...

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Nous voici embarqués pour rejoindre l'îlet

Fraichement débarqués, nous décidons d'effectuer le tour de l'île qui nous a pris 1h30. Dès les premiers mètres, des dizaines de singes s'approchent de nous et nous accompagnent, dans l'attente d'un peu de nourriture.

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Emerveillés par leur témérité et leur audace, nous jouons avec les singes pendant plus de 30 minutes et prenons au moins 50 photos avant de poursuivre notre expédition. Nous croisons différents vestiges des diverses occupations de l'îlet comme celui ci-dessous, mais de quoi s'agit'il? D'un puit? D'un four à briques? D'un sémaphore?...

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Eh bien il s'agit en fait  d'un clocher séparé de l'église construit dans un second temps car il est mentionné dans d'anciennes archives jésuites que la cloche qui carillonnait les offices était autrefois suspendue à un colossal fromager. La suite de la randonnée est ponctuée de rencontres aves les singes (on en comptabilse environ 200 sur l'îlet) et de points de vues imprenables sur les autres îlets.

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 Les Mamelles

Et même si en raison des nombreuses installations historiques, la forêt est de type secondaire, nous avons quand même pu observer quelques spécimens remarquables.

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Léo sur un fromager "siamois"

 

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Une liane particulièrement tourmentée

 

Après avoir terminé le tour de l'îlet, nous avons pic-niqué et pris un bon bain dans une mer toujours aussi chaude avant que le bateau ne revienne nous chercher pour le continent...

15 octobre 2013

15 bonnes raisons de venir nous rejoindre…

1)      On y rencontre la terre entière dans une seule ville : il y a des blancs (les métros), des noirs (les Bushinengés), des rouges (les Amérindiens) et des jaunes (les Chinois et les Hmongs), et tout ce petit monde cohabite avec beaucoup de politesse.

2)      Ces communautés se côtoient en ville mais vivent de manière bien particulière dans les villages : à Javouhey ou à Cacao par exemple, vous découvrirez le mode de vie des Hmongs, leurs marchés fournis et leurs délicieuses soupes le dimanche.

Il n’y a pas que leurs soupes qui soient

Il n’y a pas que leurs soupes qui soient originales ! Voici un dessert au tapioca

Lors d’excursions sur le fleuve, on peut aussi rendre visite à des communautés amérindiennes ou bushinengés qui vivent de manière traditionnelle.

3)      Et en plus d’être gentils, enthousiastes et aimables, les locaux sont serviables ! Nos voisines Berta et Nancy nous apprennent leur langue ; une autre voisine ; Ludvinia, nous prête internet, Simon et Christelle, que nous avons rencontrés grâce au site Le bon coin pour leur acheter un lit et un bureau, nous ont apporté nos meubles, prêté des vélos et leur voiture, invités à partager de bonnes charcuteries corses et pain maison avec leurs amis. Sans compter Corinne qui m’emmène à l’école, nous fait visiter tous les alentours ; bref on est choyés !

4)      Vous pourrez répéter à loisir cette éloquente contrepèterie belge : « Il fait beau et chaud. » Mis à part deux ou trois averses quotidiennes qui repartent aussi vite qu’elles sont arrivées (et qu’on réclamerait presque !), on bronze et on transpire !

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Devant l’office du tourisme

 5)      Non, on n’est pas attaqués par des bêtes féroces au détour de chez soi. Même pas par les moustiques, c’est dire ! Depuis qu’on est arrivés, on n’a pas de moustiquaire et quasiment aucune piqûre chez nous. Ce n’est pas le cas partout quand même… Notre sang a eu l’air bien apprécié dans la zone industrielle de Kourou…
Sachez tout de même que si la faune locale vous intéresse, vous pourrez voir des ibis rouges à Sinnamary, aller passer une nuit dans les marais de Kaw pour voir les caïmans dans leur environnement naturel la nuit, prendre dans vos bras des paresseux recueillis par l’association Chou-Ai à Cayenne, …

6)      La mer est la plus chaude et la plus colorée qu’on n’ait jamais vue ! On a l’impression de se baigner dans une tasse de thé au lait. Et le goût n’en est pas si éloigné…
On a loupé les tortues luth mais leurs petits commencent à sortir du sable la nuit, et si vous venez à partir d’avril prochain vous en verrez !

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7)      Vous vous sentirez bien en France : chez nous, vous serez réveillés tous les matins dès 6h au chant du coq ! Enfin… des coqs. Ils sont au moins deux, à s’échiner à nous sortir de nos lits. Ça finit par fonctionner, et on ne regrette pas, quand on voit à la fenêtre le soleil rouge feu sortir de derrière les arbres en prenant notre douche…

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Un exemple de coucher de soleil...

8)      Vous pourrez boire de la Belle Cabresse, fabriquée à deux pas de chez nous, manger du couac, enfin goûter du jamais-goûté et vous demander comment vous l’appellerez la fois suivante, mais aussi déguster de la loubine, de l’acoupa, et bien d’autres gibiers à pics ou à poils que l’on trouve dans la forêt  (iguane, macaque…)

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Sophie qui prépare le couac (avec du manioc) lors de notre excursion.

9)      Vous ferez un tour dans une voiture que vous ne verrez nulle part en métropole ; Symbol de notre intégration locale, son petit nom est Thalia. Plus belle que Sophie Thalmann, plus rapide que le Thalis, elle vous surprendra par son look et sa robustesse!

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10)     Vous pourrez rejouer le projet Blair Witch dans la forêt, mais comme vous serez accompagnés de personnes qui la connaissent,vous pourrez en rigoler… Vous jouerez à Thésée avec son fil d’Ariane pour contourner les chablis ; vous serez Indiana Jones, Mac Gyver, Tarzan, Ace Ventura, le Petit Poucet ou Hansel et Gretel selon vos envies.
On a  découvert par exemple les chutes Voltaire où on peut jouer au toboggan dans les chutes, et passé la nuit sur un inselberg, montagne de granit qui dépasse au-dessus de la canopée. Fantastique !
Il nous reste beaucoup de lieux à explorer, comme Petit saut, les îles du salut, le bronsberg au Surinam, des randonnées nature à Saül, les territoires
amérindiens dans le Haut-Maroni, etc. Si l’une de ces sorties vous tente, tenez-nous au courant pour qu’on n’y aille pas sans vous !

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Manucure par des petits poissons en haut de l’inselberg. Gratuite

11)      Pour ceux qui préfèrent l’eau à la terre, vous découvrirez aussi bien le pays en pirogue sur le fleuve Maroni, ou en kayak ou canot sur les criques (rivières). Avec baignade en prime dans une eau à 30°…

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12)     Vous pratiquerez tous les sports les plus sympathiques du monde ; Gaël est inscrit à l’athlétisme en vue de faire des trails dans la forêt ; Sophie à la gym pour faire des sauts périlleux sur des trampolines ; mais on peut aussi jouer au badminton, au ping-pong, faire du canoë-kayak, de l’escalade, du yoga... Et pour les nageurs, vous pouvez vous baigner au grand air face au fleuve dans une piscine qui ne sent pas le chlore… Que demande le peuple ?

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En dos crawlé, si vous avez peur de ne pas aller droit, c’est simple : tracez une ligne imaginaire bien droite dans les nuages… :-)

13)      Vous n’aurez même pas la tourista. Depuis qu’on est arrivés, on boit l’eau du robinet, on mange les fruits et légumes du marché, et pas la moindre trace de perturbation de notre transit ! Il fonctionnerait même un peu mieux qu’à Paris. Allez comprendre !

14)      La Guyane, c’est vraiment l’Eldorado ! Venez travailler dans la fonction publique si vous le pouvez ! En plus des 40 % auxquels je m’attendais, je vais normalement toucher une prime de sujétion qui équivaut à une année de salaire ! Sans compter les réductions d’impôts, les timbres fiscaux qui sont soldés de moitié, et autres privilèges liée à la vie telllllment dure ici !!

15)      Et enfin, si après tout ça les plaisirs terrestres et aquatiques de la Guyane ne vous tentent pas, nous nous ferons un plaisir de vous rejoindre au Surinam, au Brésil, à Cuba, dans les Grenadines, à Curaçao, aux Antilles, à Trinidad, à Tobago, au Costa Rica, en Equateur, ... On est quand même venus pour ça aussi ! ;-)

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Au cas où certains penseraient encore qu’on n’est pas bien ici…

 

 

24 septembre 2013

Journal de bord de l'arrivée

 

Mardi 27 août :

Nous sommes réveillés par Monique et Justine qui se sont levées avant le soleil pour nous embrasser une dernière fois avant notre départ. Elles ont même apporté des croissants…

De quoi nous remonter le moral : les valises ne sont pas terminées malgré notre coucher tardif, et il faut enterrer Zoé, euthanasiée la veille pour cause de cancer des os généralisé, après 16 ans de douce folie. Elle nourrira le figuier sous lequel elle s’est réfugiée ces derniers jours.

On vous passe le trajet en mode karting, dû à un départ retardé, les papiers de voiture oubliés, une pause déjeuner rallongée, et nous voilà à Roissy où nous attend un comité d’adieu hors pair : Eric, Yves et Constance qui ont fait le déplacement pour nous croiser 5 minutes entre l’enregistrement in extremis et l’embarquement.

Nous avons juste le temps d’apprendre que nous serons reçus, pour notre escale martiniquaise, par les colocataires d’une amie de P’tit Quick. Ouf, nous n’aurons pas à dormir dans l’aéroport sur nos valises !

Gaël adore les longs trajets car c’est l’occasion de regarder plein de films. Dommage pour lui, sa télé ne fonctionne pas ! Nous suivons le soleil jusqu’à son coucher à notre arrivée à Fort de France. Une chappe de chaleur humide nous tombe dessus à la sortie de l’aéroport. Camille nous réceptionne et nous conduit (non sans quelques frayeurs routières). Eric ne s’est pas moqué de nous : nous sommes accueillis par Charlie, le deuxième coloc, qui nous sert un apéro devant une piscine à 35°. Nous sommes tellement fatigués de cette journée sans fin que nous n’en profitons même pas et filons nous coucher, avec la clim programmée à 28°C et qui nous parait fraîche…

comité de départ

 

Mercredi 28 août

Le lendemain, debout 6h pour la suite de nos aventures. Et cela commence bien : Moïse se jette sur mon pied à la sortie de la douche et m’enfonce sa canine profondément dans le métatarse droit. Moïse, c’est le chat de Fiche, dans la chambre de qui nous avons dormi. Peut-être se venge-t-il du fait que nous avons tenté de le mettre dehors cette nuit pour éviter les allergies en mettant son écuelle dans le couloir où le chien s’est précipité pour la vider. Ou peut-être lui ai-je écrasé la queue en entrant dans la chambre. Ou peut-être avais-je l’air particulièrement menaçante, au travers de la moustiquaire derrière laquelle il était planqué… Ou peut-être, et c’est là le vrai début des aventures, n’étant pas du tout connu pour mordre, a-t-il contracté la rage ??

Nous n’avons pas le temps d’envisager cette possibilité car nous sommes surpris par Corinne qui nous tombe dessus dans le hall d’embarquement : « C’est vous, Sophie et Gaël ? » « ?!! » Il s’agit d’une de mes futures collègues de l’école non existante Paul-Isnard, qui se rappelait, suite à nos échanges de mails, que nous arrivions par le même avion. Corinne était PES (prof des écoles stagiaire) l’an dernier à Cayenne, et a donc plein d’infos précieuses à nous donner sur la vie guyanaise. Elle a prévu d’aller à St Laurent en voiture de location. Ca nous arrange bien, on avait décidé nous aussi de prendre ce moyen-là, alors on va faire la route ensemble, profiter de son expérience et partager les frais !

On tente un arrêt chez son médecin à Cayenne pour s’assurer que tout va bien pour mon pied, mais impossible de le voir sans rendez-vous. Qu’à cela ne tienne, nous partons nous consoler en testant un resto bien sympa place des palmistes où nous découvrons avec délices les jus de maracuja et le poulet boucané.

La route, bien qu’elle longe la côte, ne nous laisse jamais voir l’océan. C’est une succession de végétation luxuriante et de paysages de savane avec des arbustes, et parfois des petits (mais vraiment petits) patelins. Nous nous réjouissons de ne pas avoir été affectés dans ces lieux isolés où l’on doit vite tourner en rond…

Crochet sur la route pour laisser un serpent traverser, et un peu plus loin pour laisser un oiseau manger son serpent tranquillement.

Arrêt à Iracoubo où l’église nous réserve une étonnante surprise : le carrelage est précisément celui de… Ty Louët ! (l’ancien, pas l’actuel)

Corinne nous explique que pour lester les bateaux, il arrivait autrefois qu’on les charge de carrelage. D’où la beauté des carrelages de beaucoup de maisons créoles. Ty Louët aurait-elle recelé, outre des allemands, des FFI, des chasseurs, des guetteurs, des roumains et des paysans, des bagnards ?

Voici la preuve en photos :

église Iracoubo (1)église Iracoubo (2)

 

Nous sommes accueillis chez Françoise, enseignante de Grand Santi et amie d’une de mes futures collègues, par Jean-Luc, l’un de ses amis.

Le semi-meublé annoncé se résume à un canapé, une table basse, un immense écran plat, deux ventilateurs, un frigo et quelques couverts. Heureusement, deux matelas se trouvant dans la chambre où Françoise a laissé ses affaires nous dépanneront pour que nous ne dormions pas par terre.

Il s’agit d’un logement sur deux étages faisant partie d’une résidence récente construite par la Siguy qui gère les HLM de St Laurent. Nous sous-louons à Françoise qui a l’air de craindre de perdre cette belle occasion. Ce n’est pas réglo mais ça nous arrange bien!

Voici quelques images :

 

 

 

 

 

L'entrée de la maison

 

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La boîte aux lettres. Ne vous étonnez pas si nous ne recevons pas notre courrier!

vue du canapé

Vue du canapé. Nous n’avons pas encore la clé pour ouvrir l’accès au jardin du fond

 notre cuisine

 La cuisine

 le hamac

 Notre hamac avec moustiquaire intégrée. Hihi, les crochets l’attendaient

l'escalier

 

 

Magnifique escalier

 notre chambre

Notre chambre

la salle de bain

Notre salle de bains. Depuis la photo, nous avons installé un rideau de douche. Vert anis. ;)

 chambre d'amis

 Chambre d’amis. D’ici votre venue, le couchage sera sûrement encore plus confortable

 

Vue de notre chambre :

 

 

notre arbre du voyageur

 

Notre arbre du voyageur. Pas encore fini de pousser

cour intérieur résidence

La cour intérieure où les enfants de la résidence se livrent à des parties de foot endiablées

La résidence dispose d’un chinois, autrement dit une petite épicerie chère mais bien pratique quand on débarque, qu’il est 19h et qu’on commence à bosser le lendemain !

Nous y trouvons du pain de mie, du jambon, du camembert en plastique, des chips, des carottes, un concombre, des yaourts, un agenda, un cahier, du sirop, du jus d’orange, des céréales, une boite de corned beef, le tout pour la modique somme de… 50€ ! La vie chère, c’est pas une blague ici !

Jeudi 29 août :

Réveil à la douche froide ! Eh oui, nous n’avons pas d’eau chaude. La toilette de ce matin se résumera donc à des ablutions succinctes.

Corinne passe me prendre pour qu’on aille à l’inspection. Heureusement que Noémie nous a transféré l’info, sinon on aurait cherché l’école Paul-Isnard pour rien…

Corinne, ancienne prof de tennis, qui vit en Martinique depuis 10 ans, demande cette année sa disponibilité pour retrouver son mari et ses jumeaux de 5 ans. On arrive donc assez en avance pour essayer de croiser l’inspecteur, et voici la vue qui nous attend près de l’inspection à 7 heures du matin :

 

EpaveL'épave Edith Cavell envahie par la végétation

 

 près de l'inspection (2)

 

 près de l'inspection (1)

L’ancien appontement du bagne

Réunion cocasse où l’on nous annonce que nous allons être dispatchées en surnuméraire dans des écoles en attendant l’ouverture de la nôtre. Je réclame une école pas trop loin, prétextant mon absence de moyen de transport, et l’on me donne gentiment l’école Saint Maurice, à 2,5 km de chez nous. Nous n’avons toujours pas de directeur.

L’équipe a l’air plutôt sympa : 4 métros jeunes et dynamiques, une martiniquaise créole tout aussi enthousiaste, et 2 guyanaises un peu molles. Il manque Sabrina, en arrêt, et Simon qui s’excuse, on ne sait pas pourquoi.

Avant de nous séparer, nous passons ensemble voir où en est notre école et ne sommes pas déçues du détour:

l'école Paul-Isnard fin août (1)

 l'école Paul-Isnard fin août (2)

A l’école Saint Maurice, immense maternelle de 16 classes, la directrice, originaire du Pas de Calais, me demande de seconder Julienne, PES en moyenne section. Ca tombe bien, elle est aussi dans un bungalow (préfabriqué), donc je vais pouvoir voir comment elle gère ce petit espace, et me faire une idée du niveau et du style des élèves. Nous partageons une ATSEM avec une autre MS : Christiane. Je découvre avec plaisir qu’ici, les ATSEM sont très impliquées dans la décoration des classes et prennent beaucoup d’initiatives dans ce domaine en découpant de jolies formes qu’elles attachent au plafond.

Je découvre aussi que les instits dépensent une bonne partie de leur prime de vie chère en matériel pour leur classe : plastifieuse, casiers, et photocopies quand la mairie décrète que le quota est épuisé.

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